Les Fermiers de Loué trouvent de l'énergie dans les éoliennes
Afin de compenser les dépenses d'électricité de sa filière volailles et oeufs, la coopérative des Fermiers de Loué a mis en service le premier parc éolien de la Sarthe.
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« Notre volonté est d'être une filière alimentaire à énergie positive », assure Yves de la Fouchardière, le directeur de la coopérative agricole des Fermiers de Loué (Cafel). Celui-ci a fait le calcul : depuis la sélection des poussins jusqu'au four du consommateur, l'ensemble de la filière oeufs et volailles de l'entreprise consomme chaque année 25 millions de kWh en électricité. « Pour compenser cette dépense, nous avons commencé en 2008 à installer des panneaux solaires chez nos éleveurs, poursuit le directeur. Nous avons fait le plein avec deux cents projets représentant 40 000 m2, mais seulement 2 millions de kWh. Il fallait trouver d'autres sources d'énergie renouvelable. »
Dans le même temps, la communauté de communes du pays Belmontais, dans le nord de la Sarthe, avait un projet de parc éolien et cherchait un partenaire. La rencontre entre les élus locaux et la Cafel a permis aux six premières éoliennes de la Sarthe d'entrer en service en décembre dernier. Avec 25 millions de kWh par an, elles permettront, ajoutées aux panneaux solaires, de produire autant d'énergie renouvelable que la consommation d'électricité de la filière.
Investissement de 17 M€
Pour mettre en oeuvre le projet, la coopérative a créé la filiale EoLoué qu'elle détient à 66 % aux côtés de Quadran (34 %), société spécialisée dans les parcs éoliens. Cette filiale a investi près de 17 M€ financés essentiellement par l'emprunt (Oseo, BPI, Crédit Agricole). Mais EoLoué a également proposé aux habitants de la communauté de communes de s'associer au projet sous forme de placement financier. « C'était difficile de dire à une population qui accepte les éoliennes que les bénéfices sont seulement pour les autres, explique Yves de la Fouchardière. Nous avons fait beaucoup de réunions pour informer les habitants en proposant, avec le Crédit Agricole, de participer au financement. » Près de deux cent cinquante personnes ont ainsi souscrit à un dépôt à terme sur cinq ans rémunéré au taux garanti de 3,95 % par an. Dix jours avant la date de clôture officielle, l'objectif de 1,2 M€ de souscription était atteint.
Retombées économiques locales
Au titre des mesures compensatoires, les habitants qui le souhaitaient ont pu bénéficier de plantations de haies pour limiter le préjudice visuel. 50 000 € ont ainsi été investis dans 4,2 km de linéaires. « Le département et les communes concernés vont également bénéficier de 150 000 € par an de taxes garanties pendant la durée d'exploitation des éoliennes, soit vingt ans, ajoute Yves de la Fouchardière. Nous avons provisionné 400 000 € pour la démolition à la fin de cette période. »
Enfin, la Cafel a pris l'engagement que les bénéfices d'EoLoué seront réinvestis dans l'entretien des bâtiments du patrimoine local. En attendant, les six éoliennes ont atteint leur plein régime cet hiver, stimulées par les tempêtes régulières. « Elles nous ont permis d'atteindre 40 % de la production annuelle et nous avons même dû arrêter deux fois durant six heures pour excès de vent. » Quant à la Cafel, elle a prévu de restaurer et d'installer près de son siège une ancienne éolienne Bollée, du nom d'Ernest Bollée, un sarthois qui a inventé en 1868 une turbine à vent qu'il a baptisée... éolienne !
Jean-Claude Ballandonne
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